TRAVEL DIARIES • 2010 • CARNETS DE VOYAGE

16 years ago, the smallest country of the Great-Lakes region was hit by a genocide. 4 friends interested in African politics have decided to take a closer look at the Renaissance of the Rwandan society.

Il y a 16 ans, le plus petit pays de la région des Grands-Lacs était touché par un génocide dévastateur. 4 amis passionnés de politique africaine ont décidé de s'intéresser de près à la Renaissance de la société Rwandaise.

dimanche 15 août 2010

La Guerre Sain(t)e au Rwanda



Tous les musulmans du Rwanda sont mobilisés pour le Jihad. Soyons francs.... ça fait peur! Mais qu’est-ce que cela veut dire exactement? Doit-on désormais craindre que Kigali sera la cible des fous d’Allah, pour reprendre l’expression si chérie par les médias occidentaux? Pas du tout car le Coran distingue deux différents Jihad. Inutile de rappeler qu’il y a le Jihad dit mineur, celui qui est censé amener tous les musulmans à s’unir contre l’envahisseur en terre sainte et contre ceux qui mettent l’Islam en péril. Notons toutefois que ce Jihad aux allures guerrières, invoqué lors des croisades et de l’expansion de l’Islam au cours des siècles après la mort du Prophète est sujet à conditions dans le Livre Saint et qu’il n’est pas à confondre avec le terrorisme aveugle et arbitraire qui s'abattît contre des tours en 2001. Ce Jihad physique, concret, visible s’oppose au Jihad majeur, à ce qu’on appelle communément le Jihad intérieur.

C’est précisément ce Jihad qu’invoque Cheikh Saleh Habimana, Mufti du Rwanda. Cette guerre sainte - traduction du terme Jihad - est une lutte contre soi-même, une lutte qu’entreprend chaque musulman contre son soi-intérieur afin d’améliorer la société, une lutte qui tend à lui faire dépasser certaines discriminations qui relèvent du déroulement très «terrien» de la société. Ce Jihad intérieur doit amener le fidèle à s’épurer de toutes les négativités apportées par l’extérieur afin de se purifier et de se battre pour une société plus juste. Croyez-moi, dans un pays comme le Rwanda, ce jihad n’est pas néfaste, il est, bien au contraire, utile. Cette guerre sainte et saine veut rassembler tous les rwandais, peu importe l’ethnie. Elle aspire à combattre et enterrer toute la haine qui peut exister dans chaque homme, une haine qui peut amener un être humain à tuer son voisin simplement parce que celui-ci appartient à une autre ethnie. Et ce discours trouve son auditoire. Depuis le génocide où l’Islam fut perçue comme une religion de paix - bon nombre de Tutsis se sont réfugiés dans les quartiers musulmans de Kigali et dans les mosquées du pays en général -, le nombre de fidèles croît sans cesse. Même s’il n’existe pas de statistiques officielles, on parle dorénavant de 14% de la société qui serait de confession musulmane contre 6% avant le génocide. Pour expliquer ce chiffre, il faut aussi mentionner le sentiment de désillusion vis-à-vis du catholicisme et de l’église qu’ont éprouvés beaucoup de rwandais après le génocide qui a vu des prêtres collaborer, des églises se transformer en lieu d’extermination et un pouvoir ecclésiastique pratiquant la distinction ethnique. - Je me dois de rappeler que certains prêtres ont caché et sauvé des Tutsis et des Hutus au risque de leur vie.-
L’image de l’Islam au Rwanda est bien loin de celle diffusée en Europe. Ici, elle fait office de spiritualité pacifique, de religion qui donne la possibilité aux filles d’acquérir du savoir, de palliatif à la défaillance sociale de l’état, bref, d’un autre pouvoir, celui-ci apaisant, enrichissant et chaleureux. Si j’écris cet article, ça n’est aucunement pour faire la promotion de l’Islam ou bien de mettre à mal la religion chrétienne, c’est simplement pour montrer que parfois, la foi peut se mettre au service de la nation et dans ce cas, des Hutus, des Tutsis et des Twas, bref du peuple rwandais.

Yassin Ciyow

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