Une bonne manière de se faire une idée des infrastructures et des transports d’une ville ou d’un pays est tout simplement de les utiliser.
Apres quatre jours passés à sillonner les rues de Kampala, le constat est clair et net : les routes et les trottoirs sont très difficilement pratiquables. Tout est fait de terre orangée, damée. La mouvance du sol laisse place à de grands trous sur lesquels il ne fait vraiment pas bon rouler. Pire encore, le peu de routes et de trottoirs goudronnés – que l’on pourrait espérer plus entretenus – est infesté par de larges cratères creusés minute après minute par l’inépuisable trafic piéton et automobile. Mis-à-part les premières marches dans la ville, source de cet amer constat, notre première
Vu de notre hélicoptère
Un autre mode de transport incontournable est le bus. Le voyageur embarquant a bord d’un « Jaguar Bus » à destination de Kigali (Rwanda) est très loin de savoir ce qui l’attend. Le périple - payé quelques heures plus tôt en cash - commence fidèlement aux attentes d’un voyageur averti de passer dix heures assis. Les agents sont sympathiques et s’emparent efficacement de tous vos bagages afin de préparer le coffre d’un bus qui ne partira pas en retard. Le sourire réconfortant d’un agent qui répond à l’avertissement de matériels fragiles n’est rassurant que quelques minutes. L’heure du depart approche et après un contrôle rigoureux de leurs papiers, les passagers sont priés de prendre place. Le premier réflexe est de s’installer près d’une fenêtre. Ce sera pourtant la plus grande erreur du voyage. Le moteur demarre et les portes du bus aux trois rangées de sièges de droite et aux deux rangées de sièges de gauche se ferment. Attentif, le client sursaute à l’entente de ce qu’il comprend comme des klaxons d’aurevoir. Un virage serré à droite et un virage serré à gauche plus loin, les voyageurs sont lancés sur la grande route. D’un coup de pied furieux, le chauffeur écrase la pédale d’accélérateur et provoque chez
les inhabitués un premier stress. Le bus avale la route dans un bruit de moteur prononcé mêlé à d’assourdissants klaxons préventivement provoqués à l’approche de tout véhicule et de tout carrefour. Il fait nuit noir et le seul éclairage des routes est celui des phares usés des camions que nous croisons. L’ajout - un peu plus loin – du facteur « route impratiquable », alimenté par une vitesse inconsciente et déterminé par des amortisseurs qui ne sont que theoriquement présents alimente considérablement l’appréhension et les craintes des inhabitués. Tel l’attraction des montagnes russes, les voyageurs rebondissent avec violence sur leurs sièges étroits et l’arrivée d’un troisième passager sur l’un des trois sièges de l’aile droite rend strictement impossible le poser du dos. Il reste 9 :30 de route, la descente aux enfers peut commencer. Malgré les quelques heures déjà effectuées, l’approche des deux heures du matin est très mal vécue. La température à beaucoup chutée et l’isolation des fenêtres consiste en fait en un espace d’1.5 cm de large ouvert aux intempéries extérieures. Ce qui semblait d’abord être un système de climatisation étonnement révolutionnaire est en fait la pire isolation jamais vue sur un véhicule. L’air frigorifique s’amasse à l’arrière du bus et il n’est pas certain que sans pull, l’inhabitué assiste à un nouveau lever de soleil. Un homme de la région avouera à la frontière que la première portion du trajet prévue pour durer 6h45 fut effectuée en 6h. Nous réaliserons en arrivant à Kigali que la deuxième portion du trajet, prévue pour durer 2h30 ne nous aura pris qu’1h45. Le principal, c'est d'être arrivés sains et saufs.
Arthur Draber
Pour le temps gagné j'espère que vous avez donné un petit pourboire au chauffeur!! ;-)
RépondreSupprimerExcellent.
RépondreSupprimerRécit impeccable et très drôle (pour le lecteur)
J'ai fait un bout de chemin avec vous.
Merci beaucoup.